L’entrée dans l’ère numérique est bien une
révolution. Mais ce n’est pas une de ces révolutions qui font table rase du
passé pour construire un monde nouveau. Pour Thomas Jamet, c’est au contraire la notion de « retour
à ce qui a été » qu’il faut privilégier pour comprendre ce nouvel univers et
s’y mouvoir avec succès.
L’avènement d’Internet est
le plus souvent perçu comme une apogée de la « modernité », cette
vision du monde basée sur 2 convictions : le progrès est continu et
bienfaisant ; la raison est le moyen parfait pour gérer les relations
entre individus et entre groupes.
Dans son essai « Ren@issance mythologique,
l’imaginaire et les mythes à l’ère digitale » (François Bourin
Editeur), Thomas Jamet, Président de l’agence Moxie, démontre brillamment que
cette vision
« progressiste » est un contresens absolu et qu’Internet est
bien la première manifestation de grande ampleur de notre entrée dans la
« post-modernité », c’est-à-dire le retour à une vision du monde
« traditionnelle », pleine de mystères, de passions et de miracles.
Avec Internet, abolir le
temps et l’espace n’est plus un rêve ; nous faisons corps avec des
communautés fédérées par des valeurs, des vécus et des signes communs ;
nous nous engageons à nouveau en redécouvrant le prix des choses qui n’en ont
pas ; nous participons à des rites initiatiques pour accéder à des mondes
cachés et nous avons potentiellement accès à toutes les connaissances du monde.
L’antiquité et le Seigneur des anneaux ne sont pas loin …
Lecteur attentif de Michel
Maffesoli (qui préface son ouvrage), Thomas Jamet voit aussi dans Internet le
retour de Dionysos. Le dieu du théâtre, du jeu et des excès est l’incarnation
de tout ce qui nous déroute (« sortir de la route ») et nous oblige à
regarder le monde autrement. Il est également le symbole de ces pulsions qui
expliquent le désir et l’amour, mais qui ravivent aussi la peur de monstres
devenus numériques (Ben Laden, les virus informatiques …).
Thomas Jamet a choisi :
à Séguéla (« Internet est la plus
grande saloperie qu’aient jamais inventé les hommes »), il préfère
Lucrèce et les sages de l’antiquité (« Rien
ne vient de rien, rien ne retourne à rien »). Et de cette « ren@issance mythologique »
qui se met en place, il tire quatre conséquences qui doivent nous faire
sérieusement réfléchir aux façons d’exercer nos métiers :
- Nous entrons
dans une société dominée par l’émotion.
- Le sentiment
d’étrangeté va se renforcer, l’imprévu est partout.
- La fin de la
« vérité » va entrainer une remontée du « religieux ».
- La non connexion sera la nouvelle transgression.
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