jeudi 20 décembre 2012

Même pas peur !

MàR #152


A 24 heures de la fin du monde et juste avant d’interrompre temporairement (ou définitivement si les calculs des mayas s’avèrent justes) ce billet hebdomadaire, il est temps de faire un bilan de cette étrange année qui s’achève, en tentant de faire parler les chiffres, puisque c’est notre métier.


On fait quoi, le dernier jour ? L’excellent Timetosignoff.fr rappelle à ses lecteurs que, tous les ans, le 21/12 est « La Journée Mondiale de l’Orgasme pour la Paix », dont tous nos lecteurs comprendront bien l’utilité et le mode d’emploi. Mais que penser de la mystérieuse disparition du site de l’événement ? Si cette journée n’existe plus, est-ce parce que nous aurons tous disparu ?

Comme d’habitude … Le bilan des requêtes effectuées par les Français sur Google en 2012 est rassurant. Face aux noires perspectives, on ne change rien. Dans la catégorie « Comment … », ce sont les requêtes « Comment maigrir ? », « Comment embrasser ? », « Comment grossir ? » et « Comment devenir riche ? » qui occupent les 4 premières places. On ne trouve aucune trace de questionnements sur le devenir de l’humanité.

Plus jamais seul. Un des intérêts de la fin du monde est de ne pas se retrouver tout seul face à l’inéluctable. Grâce aux réseaux sociaux, même s’ils ont perdu en qualité, les amis sont incontestablement plus nombreux. A fin décembre, la communauté de fans de Coca Cola sur Facebook aura dépassé les 56 millions d’individus, plus de 500 millions de terriens auront ouvert un compte Twitter (dont 32 millions pour suivre Lady Gaga, la célébrité qui compte le plus de « followers » !) et Linkedin comptera 187 millions d’utilisateurs.

La fin du temps. Si nous ne sommes pas encore à la fin des temps, il est quand même vrai que nous vivons une sorte de « fin du temps », grâce ou à cause d’Internet et plus particulièrement de Twitter en 2012. C’est en effet en 140 signes que Xavier Niel a déclenché la guerre des prix dans la téléphonie (9/01), que Valérie Trierweiler s’est définitivement installée dans le rôle de la méchante reine (12/06), que la désinformation a atteint des niveaux record avec la diffusion massive de photos trafiquées sur l’ouragan Sandy (29/10), que Barack Obama a remporté la palme du message le plus « retwitté » avec son « Four more years » (7/11) et que Benoît XVI a utilisé personnellement la puissance des réseaux sociaux pour twitter un message de paix (13/12).

On fait quoi, après le 21/XI ? On se dit que tout ce qui ne nous aura pas tué nous rend plus fort, que 2013 sera dure mais passionnante et, surtout, que les annonces de catastrophes reviennent de façon cyclique, comme ce jour le plus court de l’année qui annonce déjà le grand soleil de l’été.
Et on reprend une petite louche de pensée magique : cette année, le mois de décembre compte 5 lundis, 5 samedis et 5 dimanches, ce qui ne se produit que tous les 824 ans. Les chinois appellent cet événement « le sac d’argent » …


Belles fêtes et au jeudi 10 janvier 2013 pour une nouvelle « Matière à réflexion ».

jeudi 13 décembre 2012

Les choux et les carottes


MàR#151

On a coutume de dire que « l’on ne peut pas comparer les choux et les carottes » (« les pommes et les oranges » aux USA, « les pommes de terre et les patates douces » en Amérique latine, etc). C’est pourtant bien ce qui se passe trop souvent en matière d’audience des médias. Mais les choses changent, et c’est tant mieux.

  
Ce n’est pas nouveau : les performances des médias sont majoritairement évaluées à l’aune de la quantité, ce qui conduit à minorer l’importance du « contrat de lecture » (ou d’écoute, de visionnage, etc) et donc l’intérêt ou la crédibilité supplémentaire que peut avoir une publicité en fonction du contexte dans lequel elle est découverte.

C’est du côté d’Internet que les choses bougent le plus vite. Médiamétrie vient ainsi de prendre la décision courageuse de limiter la part d’audience des « marques médias » en ligne qui provient de services sans liens réels avec les sites dédiés à l’information mais avec lesquels ceux-ci ont des accords. C’est ainsi que plusieurs « marques médias » qui font référence en matière d’information ont dû renoncer à vendre aux annonceurs les audiences de sites de trucs et astuces, de voyance, de rencontres ou de poker, auparavant présentées comme liées à leurs offres d’information. Mais il reste du chemin à faire, 30% des audiences des sites d’information pouvant, par exemple, encore provenir des jeux et concours !


Du côté de la presse quotidienne payante, on s’organise aussi pour valoriser des audiences qui ont, à leur origine, l’achat du journal, geste d’engagement fort dans un monde envahi par la gratuité. Certes, seuls les primo-lecteurs sont acheteurs et la diffusion gratuite peut représenter jusqu’à 30% de la diffusion totale de certains quotidiens nationaux. Mais il est évident que le « contrat de lecture » qui unit des acheteurs à leurs titres favoris n’est pas de même nature que celui qui relie un gratuit à la personne qui le saisit à l’entrée du métro. Que se passerait-il si, un beau matin, les distributeurs des gratuits demandaient ne serait-ce que 50 centimes à leurs « clients » habituels ?


Même mélange des choux et des carottes au sein de la presse payante. Au-dessus de 60.000 exemplaires, le titre peut faire mesurer son audience dans le cadre de l’étude One, avec un outil de grande qualité, mais qui donne quand même une prime à la notoriété, comme le reconnaissent bien volontiers certains éditeurs qui se voient attribuer plus de 10 lecteurs par exemplaire. Lorsque les mêmes éditeurs publient des titres à la diffusion inférieure, les études ad hoc qu’ils réalisent auprès des communautés auxquelles ils s’adressent ou de leurs acheteurs effectifs les dotent de taux de circulation sans doute plus réalistes, mais bien moins faciles à vendre.


Entendons-nous bien : la question n’est pas de savoir si les choux sont supérieurs aux carottes ou l’inverse, mais bien de faire prendre conscience aux annonceurs que leurs apports nutritifs sont différents.

jeudi 6 décembre 2012

Le SMS a 20 ans et toutes ses dents


Matière à Réflexion fête son N° 150 trois jours après le très discret 20ème anniversaire de la naissance du SMS. Le succès de ce moyen de communication est paradoxal, tant il est rustique et peu capable de séduction dans un monde où n’importe quel Smartphone est une prouesse de designer bourrée de technologie de pointe. C’est une bonne raison de s’y arrêter.

Dans un article bien documenté du site lemonde.fr, Cécile Ducourtieux nous apprend que le premier Short Message Service (SMS) aurait été envoyé le 3 décembre 1992 par un ingénieur de Sema Group qui voulait souhaiter un « Merry Christmas » à un collègue de Vodafone.
Le fait que le premier SMS ait été envoyé à un ingénieur par un autre ingénieur ne doit rien au hasard : lors de l’élaboration de la norme de téléphonie GMS, un canal avait en effet été réservé aux techniciens pour qu’ils puissent s’envoyer facilement des messages écrits.

Les SMS ont été proposés au grand public par les opérateurs téléphoniques lorsque ceux-ci ont observé le décollage des ventes de Pagers (souvenez-vous, Tatoo, TamTam et les autres petits boitiers qui n’envoyaient que des messages texte).

Bien leur en a pris, les SMS leur rapportent chaque année des centaines de millions d’euros ! Ils font aussi gagner beaucoup d’argent à tous ceux qui proposent de voter par SMS surtaxé pour des miss quelque chose et autres candidats à des émissions de téléréalité …

Face aux courriels, aux MMS et aux réseaux sociaux, les SMS tiennent bon. Les Français en ont envoyé plus de 43 milliards au troisième trimestre de 2012, ce qui correspond à une moyenne de 70 SMS par mois et par individu, à pondérer par le fait que les plus jeunes de nos contemporains peuvent en envoyer jusqu’à 800 par mois !

Les raisons de ce succès qui ne se dément pas sont claires, et pourraient être méditées par tous ceux qui produisent des médias ou ont la charge de transmettre des messages.

-       Le prix : le SMS est souvent moins coûteux qu’un appel téléphonique classique et son « prix perçu » peut même totalement disparaître dans le cas des forfaits illimités.


-       La praticité et la valeur d’usage : le SMS est souvent plus pratique qu’un coup de fil, car il permet d’aller plus vite à l’essentiel et touche discrètement son destinataire même quand celui-ci est très occupé, comme on l’a vu avec un récent Président de la République.


-       L’absence de barrage technologique : même les mobiles les plus « vintage » permettent d’envoyer et de recevoir des SMS.


-       L’adaptabilité : le SMS est aussi capable de profiter des innovations des Smartphones telles que l’introduction du clavier « azerty » ou de l’écriture prédictive.

Faire utile, simple et pas cher est bien adapté à la rude période que nous traversons.

 

Matière à Réflexion fête son N° 150 !

Si vous voulez vraiment nous faire plaisir pour cet anniversaire, deux solutions : 

- Nous transmettre les courriels de proches que nous abonnerons immédiatement ; 

- Nous consulter lorsque vous envisagez une étude ou recherchez les conseils
d’experts des médias, messages et dispositifs de communication.