jeudi 26 septembre 2013

C’est quoi ton métier ?

(MàR #183)


Longtemps, à la question « C’est quoi ton métier ? », les auteurs de ce billet ont répondu « Docteur des journaux », ce qui n’était déjà pas si simple. Avec le numérique, tout se complique encore un peu plus, d’où l’intérêt de se pencher sur le « Dico des métiers de demain », œuvre collective, évolutive et stimulante des prospectivistes réunis au sein du collectif Les Propulseurs.

Selon le Département américain du travail, 65% des écoliers d’aujourd’hui pratiqueront des métiers qui n’ont même pas encore été inventés. Voici une sélection de ceux qui, selon Les Propulseurs, sont en train d’émerger ou ont de bonnes chances d’exister un jour et concernent les professionnels de l’information et de la communication.

  • Applicoacheur : conseil aidant dans le choix et les usages des applications mobiles.
  • Bibliothérapeute : thérapeute utilisant la lecture de livres pour soigner les problèmes psychologiques et autres maux de société.
  • Clapotisateur : créateur de solutions permettant de transformer la cacophonie informationnelle créée par le numérique en un clapotis acceptable.
  • Collaboracteur : responsable de la consommation et de la production collaboratives dans les entreprises.
  • Dataviseur : spécialiste de la création de valeur à partir des données numériques de l’entreprise.
  • Dronaliste : journaliste qui utilise des drones pour effectuer ses reportages.
  • Légisboteur : spécialiste du droit des robots.
  • Lunabulleur : spécialiste des usages des lunettes en réalité augmentée.
  • Nomophobeur : praticien spécialisé dans le traitement de la peur d’être séparé de son Smartphone ou de tout outil connecté.
  • Numéropathe : praticien qui analyse et soigne les dommages issus de l’abus du numérique.
  • Percolacteur : spécialiste du copier-coller intelligent ou de l’adaptation d’idées innovantes à des environnements différents.
  • Prédicticien : expert utilisant les algorithmes et l’analyse sémantique pour prévoir des évènements de tous ordres.
  • Psychogérontechnologue : spécialiste des services connectés et technologies pour seniors.
  • Shazameur : créateur et gestionnaire d’applications et services basés sur la reconnaissance par le son, l’image, l’odeur, etc.
  • Visualiticien : expert de la visualisation des données numérisées pour faire comprendre des concepts complexes et cartographier l’information.

jeudi 19 septembre 2013

Info de proximité : les Maires sont les meilleurs !

(MàR #182)


Le 3ème « Baromètre Epiceum/Harris Interactive de la Communication Locale » démontre l’intérêt croissant que portent nos concitoyens à l’information de proximité qui les concerne directement, mais aussi que les médias locaux et régionaux ne parviennent pas à répondre aussi correctement à ces attentes qu’il serait nécessaire.


  • Première surprise de ce Baromètre, le média privilégié par 84% des Français pour s’informer sur la vie locale, départementale ou régionale est celui qu’édite la collectivité correspondante, ce bulletin ou magazine que nous trouvons dans nos boîtes aux lettres et dont l’éditorialiste est le plus souvent un élu. A force d’être à l’écoute de leurs concitoyens, nos élus et leurs équipes sont devenus de très bons journalistes !
  • Deuxième surprise : non seulement le « média » le plus souvent utilisé en second rang n’en est pas un, mais il est aussi vieux que l’humanité, puisqu’il s’agit « des échanges avec les habitants » (80%), lesquels sont suivis par l’affichage (72%), le plus ancien des médias traditionnels. En matière d’information locale comme ailleurs, les nouveaux médias n’ont pas tué les anciens.
  • Troisième surprise : les médias professionnels de proximité enregistrent des scores plutôt décevants : 68% d’utilisation des chaînes de télévision régionales et locales pour s’informer sur ce qui se passe là où l’on vit, 52% pour les radios régionales et locales, 50% seulement pour la presse quotidienne régionale.
  • Quatrième surprise : les évolutions depuis 2011 ne sont pas toujours celles que l’on imaginait. Certes, l’utilisation des sites Internet des collectivités progressent de 18 points en deux ans et sont désormais utilisés pour l’info locale par 62% des habitants, mais l’affichage progresse tout autant, la PQR stagne et les médias audiovisuels locaux chutent fortement (- 16 points pour les télévisions locales et régionales, - 9 points pour les radios de proximité), alors même qu’ils ont souvent été présentés comme les remplaçants naturels de l’imprimé.

Si cette étude portait sur l’information locale, elle est aussi « une matière à réflexion » pour tous les autres professionnels des médias. En effet, la notion de « proximité » ne peut être réduite à sa seule dimension géographique, l’information proche et impliquante étant également un enjeu dans les univers des centres d’intérêt, des opinions, ou encore des métiers.
Les leçons que nous donnent mesdames et messieurs les Elus locaux lorsqu’ils mettent leurs casquettes de rédacteurs en chef sont simples : il faut toujours et encore « connaître et écouter le client » ; en matière de choix de support, l’adéquation aux publics visés est plus importante que la modernité de l’outil ; enfin, les médias qui souffrent sont ceux qui n’ont pas su adapter leurs offres fond/forme.

jeudi 12 septembre 2013

Formules gagnantes ?

(MàR #181)


De même que les personnes menacées par le surpoids accordent une confiance immodérée (mais toujours renouvelée) aux régimes que leurs proposent les magazines, les dirigeants d’entreprises de médias confrontées à l’amaigrissement de leur CA recherchent des « méthodes » susceptibles de les aider à aller dans le bon sens. En voici deux, qui ne sont sans doute pas des panacées mais qui ont le mérite de rappeler des fondamentaux.

« Think big, act fast, keep it simple ». Selon le cabinet Roland Berger, auteur de l’étude « Télécom, Médias, Internet : le point de rupture numérique », cette formule est celle qui a permis au géant des médias allemands Axel Springer de réussir sa politique de diversification par croissance externe. 

-       « Think big » signifie que toute entreprise de médias qui souhaite se diversifier doit se focaliser sur des cibles d’acquisition occupant des positions de leader.

-       « Act fast » rappelle qu’il n’y a pas de développement gagnant avec une politique de petits pas et que, dans l’époque actuelle, il faut être agressif et exploiter vite et fort tout ce que permettent les technologies, les marques et les différents réseaux de l’entreprise (audiences, annonceurs, distribution, communautés …).

-       Enfin « Keep it simple » souligne la priorité que tout candidat à la croissance externe doit accorder à l’acquisition ou au développement d’activités proches de son cœur de compétences.

« People, Product, Profit ». Cette seconde « formule magique » est celle du groupe Condé Nast, révélée par son Président français Xavier Romatet dans un entretien au « Nouvel Economiste ».

-       « People » est le mot-clé que les éditeurs doivent avoir en permanence en tête pour se rappeler qu’ils font des métiers de création et que ce sont les contenus produits par des journalistes qui fondent leur légitimité. Investir dans les talents coûte cher. Mais, sans les femmes et les hommes qui font les médias, il n’y a plus de médias, seulement des supports …

-       « Product » nous rappelle que la vérité est toujours dans le produit, qu’il soit imprimé, en ligne ou hors média. Les produits pertinents ont un coût, mais cet investissement est impératif face à l’hyper concurrence et à la gratuité.

-       « Profit » est un mot qui dérange en France, où l’on préfère parler des médias sous l’angle de la culture ou de la démocratie. Condé-Nast, groupe d’origine américaine, l’assume totalement. Mais, comme le souligne Xavier Romatet, « le profit est la conséquence de la stratégie, pas la cause (…) Il faut gagner de l’argent, bien sûr, mais la valeur numéro 1 reste l’exigence de qualité sur le long terme ».

Aucune de ces formules ne vous satisfait totalement ?
Normal, car elles sont comme ces recettes de cuisine qui ne nous satisfont que lorsque nous y avons ajouté la fameuse « touche personnelle ».
A chacun de trouver les bons ingrédients et les bons dosages.

jeudi 5 septembre 2013

Les 3 clés de la pub B to B à valeur ajoutée : Brand, Contents, Contrat de lecture

(MàR #180)

Face aux moteurs de recherche, aux e-mailings et autres techniques génératrices de contacts, les « médias éditeurs » continuent de voir leurs recettes publicitaires s’éroder.
Ils disposent pourtant d’atouts qui leur sont spécifiques, dont la réalité est désormais mesurée, mais dont ils font insuffisamment état.

Tout le monde est d’accord : il n’y a pas d’efficacité publicitaire sans contacts correctement ciblés.
Mais ce qui est nécessaire n’est pas pour autant suffisant, comme l’indique une toute récente étude Presse PRO/Seprem Etudes consacrée à « L’apport des contextes rédactionnels et des marques médias spécialisées à la perception de la publicité B to B ».
Les chiffres parlent fort et clair : la démarche publicitaire la plus appréciée des utilisateurs des médias spécialisés est la publicité figurant dans les magazines qu’ils reçoivent (note moyenne 6,4/10) suivie par celle qu’ils découvrent sur les e-newsletters auxquelles ils sont abonnés (5,9/10), loin devant les mailings postés (4,7/10), les e-mailings (4,6/10) et les publicités générées par Google et consorts (3/10) qui obtiennent la palme de l’intrusion.

Ce plus fort intérêt porté à la publicité lorsqu’elle est insérée dans les médias spécialisés s’explique de 4 façons : 

  • l’attention plus importante portée aux dossiers rédactionnels de ces médias (82%) ; 
  • le fait que leurs contenus soient produits par des journalistes professionnels (67%) ; 
  • la spécialisation des médias B to B (66%) ; 
  • enfin, la confiance attestée par la souscription d’un abonnement, qu’il soit print ou web, payant ou gratuit.
Interrogés « en miroir » sur les mêmes items, agences et annonceurs démontrent qu’ils ont bien conscience des apports des médias à la publicité qu’ils y insèrent. Surprise de l’étude : ils sont même nettement plus nombreux que les lecteurs papier et en ligne à valoriser l’apport des marques médias (+ 22 pour les agences et + 20 pour les annonceurs), celui des dossiers thématiques (+ 15 pour les agences et + 6 pour les annonceurs) ou encore le fait que les contenus soient produits par des journalistes professionnels (+ 18 pour les agences et + 16 pour les annonceurs).
Si les agences et les annonceurs perçoivent correctement les différents atouts des médias pros, comment s’explique que leurs investissements sur ces supports stagnent ou régressent ?

A nouveau, on peut chercher quelques éléments d’explication dans les importances respectives accordées aux contacts et aux contextes. En effet, selon l’étude Presse PRO/Seprem Etudes, agences et annonceurs estiment que leurs démarches publicitaires utilisant les mailings et moteurs sont majoritairement bien perçues par leurs cibles, ce qui n’est pas vraiment le cas pour les premiers et pas du tout pour les seconds.