jeudi 11 avril 2013

La presse, moteur du développement des e-books

(MàR#166)

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En France, les e-books ne représentent que 0,6 % du marché global du livre, alors plus de 100.000 œuvres sont disponibles en format numérique, que 3,6 millions de tablettes (contre 1,5 million en 2011) et 300.000 liseuses ont été vendues en 2012 et que 41 % des possesseurs envisagent de lire des e-books. La presse commence à comprendre qu’elle a une carte à jouer.

Bien sûr, les ventes de e-books en France ont progressé de 80% entre 2011 et 2012 et le CA des livres numériques pourrait représenter 3% du marché du livre en 2015. Mais nous sommes très loin des Etats-Unis où un livre vendu sur cinq l’est en format électronique, ou de la Grande-Bretagne où les e-books représentent déjà 13% des ventes.

Les raisons sont connues : des prix souvent supérieurs à ceux des livres de poche qu’expliquent les différences de TVA et le désir des éditeurs de maximiser leurs marges ; le souhait légitime des professionnels de préserver le réseau des libraires ; la difficulté de promouvoir les e-books sans budget publicitaire ni mise en avant dans les points de vente.

Sans bruit, les éditeurs de presse testent le marché. En 5 ans, Médiapart.fr a publié une trentaine de e-books sur différents sujets d’actualité ; « Sud-Ouest » s’est lancé il y a 2 ans sur le thème du rugby et vient de transformer l’essai avec « L’affaire Cahuzac » ; « Libération » a publié l’année dernière 5 livres numériques dédiés à la présidentielle ; « Le Figaro » est en pleine promotion d’un livre numérique consacré aux débats sur le mariage homosexuel ; « Paris Match » fait le buzz avec un e-book consacré à son enquête sur le tableau « L’origine du monde » ; Atlantico.fr fête son deuxième anniversaire avec le lancement, en partenariat avec les éditions Eyrolles, d’une collection originale de résumés de livres conçus pour mobiliser 30 à 50 minutes d’attention …

Ces initiatives de la presse et des Pure Players généralistes doivent être suivies de près par les éditeurs plus spécialisés, qu’ils soient grand public ou tournés vers des cibles professionnelles.

Ils disposent en effet de contenus experts qui peuvent être repackagés, travaillent avec des journalistes qui peuvent devenir auteurs et peuvent faire de la vente directe via leurs supports imprimés et leurs bases de données.

Comme les médias d’information, ils peuvent adopter des politiques de prix bas, proches de ceux des applications qui ont pour défaut de ne se vendre qu’une fois ; les e-books créés à partir de contenus pré-existants sont commercialisés entre 1,90 et 3 euros et les inédits que prépare Atlantico.fr seront proposés à 6 ou 7 euros.

Enfin, pour ces éditeurs spécialisés, l’offre de e-books peut s’élargir aux ouvrages numériques conçus par d’autres, via leurs e-boutiques, et à la diffusion de « livres blancs » conçus par les annonceurs désireux de communiquer à partir de contenus informatifs.