jeudi 7 juin 2012

Face aux tablettes, 5 questions sur l’avenir des supports imprimés

(MàR#130)


Sous le très beau titre « Eteins ton livre, il est tard », le journaliste et people littéraire
Pierre-Louis Rozynès livre aux lecteurs du « Nouvel Economiste » d’intéressantes réflexions sur les tablettes numériques et les changements profonds qu’elles devraient provoquer dans l’écosystème du livre. A méditer par tous ceux qui produisent des supports écrits.


Les gros lecteurs seront-ils les derniers acheteurs des supports imprimés ?
A cette question, qui concerne aussi la presse, Pierre-Louis Rozynès répond par la négative. Les gros lecteurs s’intéressent aux contenus et non aux supports, ils fréquentent les bibliothèques plus que les autres et sont de gros utilisateurs des revues de presse. Pour eux, la question de la possession de « l’objet imprimé » ne se pose plus depuis longtemps.

Faut-il alors que les producteurs d’imprimés se recentrent sur les seniors ?
Sûrement pas, selon notre auteur. En effet, si les tablettes (de type iPad) sont achetées par toutes les classes d’âge, les liseuses (de type Kindle), qui ne permettent que de lire des livres et de la presse sur écran, sont majoritairement achetées par les plus de 55 ans. Ceux-ci plébiscitent la largeur de l’offre, mais aussi la possibilité d’agrandir les caractères pour un meilleur confort de lecture.

La question du support a-t-elle un sens si c’est la lecture qui tend à disparaître ?
Si l’on considère que la consultation des SMS, d’Internet, des modes d’emploi ou de la publicité sont aussi de la lecture, il est évident que l’on n’a jamais autant lu qu’actuellement. Ce n’est plus vrai si l’on se limite aux livres et à la presse. Pour Pierre-Louis Rozynès, ce n’est pas tant le support qui est en question que les raisons qui conduisent à lire : « On ne cherche plus à acquérir le savoir, mais à savoir où trouver l’information ».

Si la publication sous forme numérique est accessible à tous, les éditeurs vont-ils disparaître ? L’auto édition n’est pas une nouveauté et concerne aussi bien le livre que la presse (les fanzines) ou la musique (les auto produits). Il existe bien sûr des best-sellers électroniques auto-édités, mais ils sont aussi rares que les succès de livres « papier » édités à compte d’auteur, Pierre-Louis Rozynès souligne donc avec justesse que les éditeurs professionnels ont de l’avenir s’ils sont vraiment professionnels et capables d’évoluer.

Et si la diffusion en ligne de supports dématérialisés progresse, que vont devenir les libraires ?
Notre auteur rappelle que les libraires ont déjà vu 10% des ventes de livres « physiques » leur  échapper au profit des sites de vente en ligne. C’est beaucoup, mais moins qu’aux USA (30%) et bien moins que ce que représente l’abonnement par rapport à la vente au numéro pour la presse. Quant à la vente d’ouvrages dématérialisés, elle ne représente actuellement que moins de 2% des ventes de livres en France (10% aux USA). Mais il est clair que, lorsque le décollage se fera, les libraires qui n’auront pas diversifié leur activité risquent fort de souffrir.