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Si,
en 1943, un expert en futur s’était aventuré à décrire ce que serait la presse
en 2013, il y a fort à parier qu’il serait passé à côté de la PAO, des
gratuits, d’Internet et de dizaines d’autres bouleversements technologiques,
économiques et sociétaux qui ont joué un rôle essentiel dans les évolutions des
médias imprimés. Mais Jacques Attali n’a peur de rien et nous décrit
précisément ce que sera la presse dans 70 ans …
Le
polytechnicien / conseiller de Présidents / romancier / chef d’orchestre /
professeur / banquier / essayiste / philosophe / éditorialiste Jacques Attali
est moderne. Il a donc choisi son blog de « L’Express »
pour informer éditeurs, journalistes et lecteurs du devenir de la presse, sans
jamais employer le conditionnel, ce qui indique qu’il attend qu’on le prenne au
sérieux.
Après une
introduction dans laquelle il souligne que « la
presse écrite n’est pas aujourd’hui très différente de ce qu’elle était il y a
70 ans » (relire le chapô de ce billet), notre prophète en tout
annonce la disparition des journaux imprimés pour 2017 aux USA, 2029 en France
et 2083 en Afrique, en raison de la concurrence de l’audiovisuel et d’Internet.
Voilà qui surprendra ceux qui constataient que la radio n’avait pas plus tué la
presse que la télévision n’avait fait disparaître la radio …
Pour notre
expert, dans 70 ans, « la presse
sera entièrement numérique, avec traduction automatique dans la langue du
lecteur ». On peut en déduire que quelques éditeurs suffiront pour
inonder la planète d’informations identiques censées répondre aux attentes
normalisées des citoyens du monde. Mais, tant que nous y sommes, pourquoi pas
un seul éditeur et une seule langue ?
Autre prévision
de M. Attali, la disparition de la plupart des journalistes : « Chacun sera journaliste, dans un
système global de Pear to Pear » ; « La rédaction des articles sera en partie automatisée » ;
« La presse sera probablement issue
d’agrégateurs affinitaires en fonction de la santé, des lectures, achats,
déplacements … ». Fini donc, le journalisme de terrain, les
journalistes experts, les bonheurs de lecture que proposent les grandes plumes,
la déontologie professionnelle et autres balivernes d’un autre temps : « Ne subsisteront que les fonctions de
journaliste d’investigation (…) et d’éditorialiste ». Ouf, en 2083,
Jacques Attali, 140 ans, aura toujours un travail !
Cette
vision d’une information normalisée, mondialisée et marchandisée comme des
burgers n’est pas celle d’un libéral-libertaire positiviste et technophile.
Dans la société de l’information selon Attali le contrôle sera partout : « La collecte de l’information sera de
plus en plus subventionnée par les Etats » ; « Le contrôle des faits sera entièrement automatisé » ;
« Rien n’exclut de voir s’installer
une hyper surveillance des médias grâce aux nouvelles technologies ».
Après avoir provoqué les foudres de Franz-Olivier Giesbert et d’Elie Wiesel pour des « emprunts » à leurs œuvres respectives, Jacques Attali pourrait maintenant s’inspirer du « 1984 » de George Orwell pour nous transporter dans le monde qu’il nous annonce.
Après avoir provoqué les foudres de Franz-Olivier Giesbert et d’Elie Wiesel pour des « emprunts » à leurs œuvres respectives, Jacques Attali pourrait maintenant s’inspirer du « 1984 » de George Orwell pour nous transporter dans le monde qu’il nous annonce.