jeudi 7 février 2013

Mauvais genre ?

(Matière à Réflexion#157)


Il n’y a pas si longtemps, lire de la BD était, selon l’âge du lecteur, une façon très efficace de désespérer ses parents ou le meilleur moyen de rester chômeur si l’on mentionnait cette passion dans un CV. Il est temps de changer d’opinion.


La parution de l’étude que le Ministère de la Culture et de la Communication a consacré à « La lecture de bandes dessinées » coïncide avec 3 événements qui donnent à réfléchir :

-       La publication par les professionnels de l’édition de chiffres indiquant que le nombre d’albums publiés ou réédités a triplé depuis 2000 pour atteindre 4.800 titres en 2011. Depuis une trentaine d’années, la BD joue un rôle de véritable moteur pour tout le secteur.

-       Le couronnement par les jurés du Festival d’Angoulême du très corrosif dessinateur Willem (« Libération », « Charlie Hebdo » …) et des subtils albums « Quai d’Orsay » de Christophe Blain et Abel Lanzac (Dargaud), qui démontre que la réflexion sur la politique et la société peut aussi passer par le dessin.

-       Le 5ème anniversaire euphorique du magbook « XXI » qui a donné ses lettres de noblesse au grand reportage en BD et diffuse actuellement plus de 50.000 exemplaires à 15,50 € par parution.

L’étude du Ministère de la Culture éclaire ces différents succès.

-       23% seulement des Français de 11 ans et plus n’ont jamais lu de BD. Les 77% de bédéphiles lisent en moyenne 8 albums par an en format papier et 14% d’entre eux consomment déjà de la BD sous forme numérique.

-       Ces lecteurs sont majoritairement jeunes (mais un tiers des 25-49 ans lisent toujours de la BD) et CSP+ (50% des cadres et professions intellectuelles supérieures lisent des BD).

-       Il existe une forte corrélation entre la lecture de BD, la lecture de livres « traditionnels », la fréquentation des cinémas, musées, expositions et bibliothèques ainsi que la pratique des jeux vidéo.

Ces chiffres devraient faire réfléchir les éditeurs de BD qui parviennent mal à fidéliser au-delà de 50 ans, mais aussi les éditeurs de presse et les professionnels de la communication qui prennent insuffisamment en compte ce que pourrait leur apporter des collaborations plus régulières et impliquantes avec le « 8ème art ». Il est temps de sortir de sa bulle !