jeudi 3 mai 2012

Présidentielles : quelles leçons pour la communication ?

(MàR#126)
 
L’élection présidentielle est un événement de communication qui n’a pas d’équivalent, tant du point de vue de l’occupation des médias que du buzz qu’elle suscite, ou encore de la palette de techniques et d’outils qu’elle mobilise.  Sans attendre le résultat, il est déjà possible d’en tirer quelques leçons.

Marque émetteur > Les marques sont une réalité très forte, pour le meilleur ou pas.
Cette élection met en concurrence des « individus marques » plus que des « partis marques ». Et force est de constater que les images de ces « individus marques » (femmes et hommes) pèsent plus lourd que les données plus objectives et les promesses qu’ils mettent en avant.

Médias > La défiance à l’égard des médias traditionnels se maintient
.
Plus encore qu’à l’habitude, la presse écrite, la radio et la télévision ont été soupçonnées de partialité, et leurs journalistes de préférer la « petite phrase » ou la question sur le prix du ticket de métro à ce qui est désormais attendu d’eux : le décodage, l’expertise et la mise en perspective.

Evénementiel > La place publique concurrence la toile
.
Internet devait être un des lieux majeurs de la campagne. Internet a effectivement alimenté les « conversations », animé les communautés militantes et relayé les commentaires à chaud postés sur Twitter par les politiques et les éditorialistes. Mais la vraie surprise vient du grand retour des meetings en plein air, ces impressionnants rassemblements « mammifères » et polysensuels qui ont émotionnellement mobilisé autour des candidats comme s’ils étaient des stars du rock et créé de puissantes dynamiques.

Stratégie > Le concept « d’agenda » reste bien vivant.
Quelques candidats sont parvenus à imposer leurs thèmes aux autres et aux médias, exactement au moment où ils le souhaitaient. Grâce à cette stratégie, ils ont considérablement amélioré les résultats auxquels ils pouvaient s’attendre.

Contenus > Les discours officiels ne passent plus
. Immédiatement décodés comme tels, les « éléments de langage » ont plus nuit que profité à ceux qui en ont usé et abusé. Et les images aseptisées imposées aux télévisions par les équipes vidéo des grands candidats ont été bien moins efficaces que certaines interviews « cash » ou ce fameux débat qui a mis à nu les finalistes.

Clients > Les « citoyens consommateurs » confirment qu’ils sont devenus acteurs. A la prise de la Bastille qui leur était proposée, ils ont préféré un jeu plus subtil avec les sondeurs, en mettant en avant des « attitudes » (intentions d’abstention ou de vote) qui se sont avérées assez éloignées de leurs comportements effectifs dans l’isoloir.